Cela fera deux semaines, demain, mercredi 13 février, que Tintin nous a quitté. Voici un hommage par sa bénévole préférée, H… Une belle lettre très émouvante…
(en fin de page, lien pour accéder à une vidéo de Tintin).
Lettre à Tintin
Tintin…
Je t’écris aujourd’hui ce que je ne peux plus te dire de vive voix. Car tu n’es plus là.
Mon chagrin et ma peine sont immenses et aucun mot ne peut décrire ce vide que tu laisses.
Je t’ai aimé le premier jour où je t’ai vu, je crois même que c’est moi qui ai eu le privilège de te faire faire ta toute première promenade au refuge. C’est d’ailleurs à ce moment là que nous nous sommes aperçues que tu n’étais pas trop copain avec tes congénères ! Bien sûr j’aime tous les chiens qui sont au refuge, tous autant les uns que les autres, mais toi je t’ai pris sous mon aile car tu n’étais déjà plus tout jeune et ce lâche abandon à ton âge m’a donné l’envie de me battre encore plus pour toi.
Donc tous les lundis je te sortais en promenade, nous allions jouer dans l’enclos…qu’est ce que tu aimais jouer ! Et les baballes l’ont mal vécu ! Tu leur « faisais un sort », car tu adorais les déchiqueter ! Encore à ton âge tu aimais qu’on te lance la balle et c’est avec entrain que tu allais la chercher, pas forcément pour me la ramener, mais plutôt pour t’allonger tranquillement dans un coin et la déchiqueter ! Et bien sûr tu ne retournais jamais dans ton box sans ramener ta balle en souvenir ! Mais tu étais aussi un chien extrêmement câlin, tu avais énormément besoin que l’on s’occupe de toi. Qu’as-tu donc vécu auparavant… ?
Peu importait, le principal était que l’on rende ton séjour au refuge le plus agréable possible, malgré les conditions rudes par certains temps…
Et les gratouilles ! Tu A-DO-RAIS ça ! Tu faisais même un petit ronronnement pour exprimer ta satisfaction…au début je pensais ‘peut être grogne t-il ou il n’apprécie pas’… mais vu que tu revenais toujours à la charge pour en réclamer, force était de constater que tu appréciais !
Les jours passaient et personne ne s’est intéressé à toi. Ton âge ? Ton physique de ‘chien de chasse’ ? Peut être un peu les deux… Un hiver et un été sont passés, j’avais peur que tu ne résistes pas à la neige et à la chaleur, mais je l’ai déjà dit…tu étais un battant.
Tu as eu quelques bobos, mais tu t’en es toujours remis…ta force de te battre et ta joie de vivre malgré ce qui t’arrivais m’ont toujours impressionnée.
Mais l’hiver suivant est arrivé et les premières gelées t’ont rendu plus vulnérable. Il était clair que tu ne pouvais plus rester dans ton box froid et humide. Tu as donc été transféré dans un petit box à l’infirmerie, certes plus petit mais au moins tu étais au chaud. C’est à ce moment là que j’ai réalisé que tu vieillissais, et que ta vie en était peut être au dernier chapitre…
A chaque fois que j’arrivais au refuge j’appréhendais de te voir dans ton box, malade et fatigué. Je me sentais tellement impuissante et petite face à toi qui gardais ce courage intact.
Mais nous continuions nos promenades. Le levé était certes plus difficile mais une fois debout ton entrain prenait le dessus et c’était parti ! Ton petit bout de queue frétillait moins qu’avant, mais il frétillait toujours !
Et puis j’ai eu l’autorisation d’aller te promener en dehors du refuge. D’abord aux alentours, à pied. Car ‘passer le portail’ c’est quelque chose de symbolique. La première fois, je ne sais pas lequel de nous deux était le plus heureux ! J’avais l’impression de te voir revivre ! Je disais ‘ on dirait un chiot dans un corps de vieux chien’. Puis nous sommes allés nous promener à Moulin Papon. Au début je n’étais pas fière, j’avais peur qu’il t’arrive quelque chose alors que j’étais seule avec toi. Mais non, dans la voiture tu regardais la route, le paysage… en promenade, tu étais toujours devant, la truffe à terre, tu m’as emmené dans des endroits ! Je t’ai toujours laissé aller là où tu voulais. « Tu as senti une odeur dans les ronces ? Allons-y ! » Je dirais même que c’est toi qui m’a promené ce jour là ! Vingt minutes sans s’arrêter, et tu aurais continué si je n’avais pas dit stop ! Car ton petit cœur battait vite et je ne voulais pas que tu te fatigues.
D’autres fois nous nous sommes promenés à côté du refuge, qu’est ce que tu étais content ! Tout fier d’avoir ce privilège, tu passais devant les box des autres chiens la tête haute et particulièrement pressé. Toujours la truffe à terre tu étais très attiré par les poubelles !
Nous sommes ensuite retournés nous promener à Moulin Papon, avec Céline, qui m’a permis de faire de belles photos. Quelle chance, le soleil était (presque !) de la partie ce jour là.
Toujours plein d’entrain, tu redécouvrais la vie. J’aurais tellement voulu que ces moments passés avec toi durent plus longtemps.
Mais ce mercredi la vie en a décidé autrement. Ton corps t’a lâché, et ta santé ne t’a plus permis de ‘tenir le coup’, toi qui l’a pourtant si bien tenu jusqu'à présent.
Je me rappellerai toujours notre dernier lundi. Nous sommes allés faire le tour du cinéma ensembles, tu regardais partout, et à ce moment là je me suis dis ‘ ce chien revit, il faudrait vraiment lui trouver vite une famille’. J’ai toujours pensé qu’un panier au chaud au sein d’un foyer t’aurait permis d’avoir une fin de vie plus heureuse, peut être même la rallonger ? Ou au moins une fin de vie digne de toi.
Mais non. Tu n’auras connu comme fin malheureusement la même que beaucoup trop d’autres chiens qui meurent sans avoir connu l’adoption et la ‘nouvelle vie’.
Mais dis toi bien mon Tintin qu’au refuge tout le monde t’aimait. Nous avons toutes et tous fait de notre mieux pour te le montrer. A chaque fois avant de te ramener dans ton box je te murmurais à l’oreille « tu sais qu’ici on t’aime fort mon Tintin, j’espère que tu le sais ».
Qu’est ce que tu me manques. J’appréhende ma prochaine visite au refuge, trouver ton box vide. Qu’est ce que je vais faire sans toi ? Je vais continuer d’aider les autres loulous, car il le faut et je ne peux pas m’apitoyer sur ton départ indéfiniment. Mais sache que tu as été dans mon cœur depuis le début et que tu y resteras à tout jamais. Je t’ai dit au revoir, mais il était déjà trop tard. J’ai caressé tes oreilles, j’ai tenu ta patte…Je sais que de là haut tu nous regardes, peut être ne pensais tu pas être autant aimé. Tu n’étais pas mon chien car tu ne vivais pas avec moi chez moi, mais tu vivais dans mon cœur, et saches que je t’ai toujours considéré comme mon chien. Mon chien de cœur.
Le départ d’un animal cause bien des souffrances et des peines difficiles à cicatriser… savoir que tu es parti sans avoir connu l’amour d’une famille une dernière fois est très difficile. Mais au moins tu es parti entouré et toutes les personnes qui t’ont soutenu dans tes derniers jours t’aiment vraiment profondément.
Un grand merci à toutes les salariées du refuge et à tous les bénévoles qui ont fait de leur mieux pour te soulager, te divertir, et t’aimer, tout simplement.
Comme tous tes amis partis au ciel tu laisses un grand vide…impossible de t’oublier Tintin.
« Les animaux sont les seuls êtres sur Terre qui ne nous rendent malheureux qu’une seule fois dans leur vie : le jour où ils nous quittent »