Rhéa arrive de fourrière, elle a 10 ans.
C'est une chienne calme, douce, propre, un peu perdue au refuge.
MON HISTOIRE :
Et voilà, moi aussi-je me retrouve ici ... A 10 ans, je pensais être à l'abri, mais il n'en était rien a priori !
Se retrouver derrière les barreaux est si dur, surtout quand on n'a rien fait pour justifier cela. Je n'ai jamais posé aucun soucis à mes maitres, je suis si calme, si douce qu'ils auraient du me rechercher et me retrouver, eux qui ont passé tant de temps avec moi, pourquoi ne sont-ils pas là à mes cotés ?
Je ressasse cela tous les jours, sans arrêt, j'en suis obsédée ... même s'ils ne m’aimaient plus, il auraient du au moins, avoir de la reconnaissance envers moi, pour toute l'affection que je leur ai donnée.
Au refuge, je ne vois que la douleur de la séparation chez tous mes compagnons d'infortune, comme un bien triste écho de ma détresse. Cela en est trop pour moi, je n'ai qu'un désir, ne plus entendre leurs cris, leurs appels incessants. J'essaie alors de me réfugier dans un autre monde, où je peux encore recevoir des caresses sans fin, dormirdouillettement dans mon panier dans le calme d'un foyer rassurant...
Hélas, le retour à la réalité n'en est que plus difficile, je suis de nouveau envahie par la terrible angoisse de rester au refuge très très longtemps, si longtemps que je ne le quitterais jamais. Qui en effet, pourrait s'intéresser à une vieille chienne comme moi ? Je suis hélas, bien trop consciente que je n'ai rien qui attire l’œil, je ne suis pas un "canon" que l'on ne peut ignorer en passant devant mon box. Je suis si quelconque que pas un visiteur ne s'arrête devant mon box, Je n'ai rien non plus qui fasse que l'on ai pitié de moi et que l'on m'emmène très vite loin du refuge, je ne boite pas, je n'ai pas trois pattes... Non, je suis "l'invisible", celle dont la beauté ne se voit pas car elle est intérieure, celle dont la grande souffrance est enfouie au fond d'elle.
Écrire ces mots me transperce le cœur, je n'ai qu'une hâte, de nouveau me retirer en moi, rêver à un monde si doux, empli de bonheur. Qui sait, à force, peut-être ne s'arrêtera-t-il jamais ?