Après avoir dû faire endormir ma Garance chérie, le 18 juin dernier, je suis allée au refuge de Pontivy pour la journée portes ouvertes de ce refuge.
Grégory m'avait parlé de 2 vieilles chiennes qui venaient de rentrer en fourrière, dont une qu'il nourrissait à la patée, en la perchant sur les niches pour que les autres ne la lui volent pas. La trésorière m'avait parlé de cette même chienne en me disant "je voudrais que ce soit toi qui la prenne". J'avais alors demandé "A quoi ressemble-t-elle ?" - Réponse : croisée caniche !
Et moi : "je n'aime pas les caniches"
Et puis, et puis, je t'ai vue ! te dandinant pour avancer dans le milieu de la cour A - cour des vieux à Pontivy ! Tu n'y voyais plus grand chose, tu avais le dos arqué, les pattes raides et pour garder ton équilibre, tu étais obligée d'avancer très vite, mais tu bougeais, tu te donnais tant de mal pour y arriver
Mon coeur s'est serré, j'ai admiré ton courage, je t'ai prise dans mes bras, j'avais peur de te casser ... mais tu étais visiblement habituée à être portée ainsi
Bien sûr, le 25 juin, nous sommes reparties ensemble ! et je ne le regrette pas
Tu avais 15/16 ans, tu pesais 3,5 kg toute mouillée, les deux yeux atteints par la cataracte, de l'arthrose et une de tes hanches portant les traces d'un accident ancien ... et il te restait 7 dents en tout et pour tout
Et pourtant, dès ton arrivée, tu as repris la place de chef de meute laissée vacante par Garance. Et tu t'es imposée comme telle aux 3 autres chiennes qui sont arrivées chez nous après toi, de même qu'à celles qui sont venues en accueil
Tu étais la plus petite de la troupe, la plus âgée, la plus mal en point, mais toutes te respectaient.
Comme moi, je te respectais pour ton courage, ta volonté de vivre et de vivre d'une manière décente. Jusqu'au bout, tu t'es dandinée pour sortir faire tes besoins dans le jardin, même si tu étais de plus en plus "château-branlant", même si tu allais de moins en moins loin.
Pendant ces 8 mois et demi que nous avons passé ensemble, je n'ai jamais cessé de t'admirer, d'admirer cette volonté, cette force en toi.
Tu étais ma ptite mère Courage, mon ti'ti-bout, ma Cihan (prononcez Djihane), ma chouchoute, quoi ! Je ne sais pas ce que tu as vécu avant d'arriver dans ce refuge, mais je sais qu'au début, tu courrais partout dans la maison pour me retrouver dès que tu ne me "voyais" plus. Puis, tu t'es habituée et tu as montrée un petit caractère d'enfant gâtée, exigeante pour ce que tu voulais ... surtout les câlins.
J'ai toujours pensé que tu avais été la petite chérie d'une personne âgée et qu'on t'avait "jetée" au départ de celle-ci. Aujourd'hui, tu as retrouvé ceux que tu aimais dans ta vie d'avant ; j'ai fait de mon mieux pendant ces mois passés ensemble pour t'assurer confort et amour. J'espère avoir réussi à te rendre heureuse. Penses un peu à moi de là-haut, car il y aura toujours une place pour toi dans mon coeur
Garance et Birthday sont sûrement venues t'accueillir quand ton petit coeur a cessé de battre. Et tu as sans doute déjà fait la connaissance de ceux et celles qui les ont précédées dans ma vie.
Candice, Rime et Daisy se sont déjà battues plusieurs fois depuis ton départ, pour savoir qui prendra ta place à la tête de la mini-meute. Nora et Jéna restent dans leurs coins, je crois que tu leur manques.
Toi, tu dors de l'autre côté de notre ruisseau. J'espère que le lavatère maritime que j'ai planté sur ta tombe va devenir grand et beau. Je le verrai de la véranda et de la fenêtre de ma chambre, alors insuffle lui ta volonté de vivre !
Je devrais être contente pour toi, et me dire que maintenant tu cours, tu sautes, tu gambades ... mais je suis là, à verser toutes les larmes de mon corps. Je t'aimais, je t'aime Cihan
[size=9]A Cihan, petite croisée caniche/yorkshire, qui a su prendre dans mon coeur une immense place, grâce à sa ténacité et sa dignité